Si en 2022 tu n’as pas une Omega … Achète toi une SwatchXOmega !

Promethee Spathis
7 min readApr 24, 2022

Comment faire pour acquérir une SwatchXOmega sans se ruiner ? Que faut-il savoir avant de se lancer ? A quoi faut-il s’attendre ? Je partage ici mon expérience dans ma quête d’une Moonwatch et mon avis sur les collaborations en général.

SwatchXOmega, qu’est ce que c’est ?

Si vous lisez cet article, c’est que vous connaissez déjà les prémisses de cette collaboration. Dans ce cas, vous pouvez sauter cette section.

Pour les autres, il s’agit de onze montres co-brandées Swatch et Omega dont les modèles sont inspirés des corps célestes du système solaire :

  • Le Soleil.
  • Les 9 planètes : Mercury, Venus, Earth, Mars, Jupiter, Saturn, Uranus, Neptune et Pluto.
  • La Lune.

Le design est inspiré du fameux chronographe Omega Speedmaster, première montre à être allée sur la Lune lors la mission Apollo 11 en 1969. Tout comme la Speedmaster, l’anneau extérieur est gradué avec le “dot over 90 (DON)”, du point en diagonale du chiffre 70 et de l’accent grave sur le premier E de tachymètre. Le cadran comprend les 3 compteurs en creux. Le bracelet est en velcro et frappé des logos Swatch, Omega Ω et Speedmaster.

Lunettes et cadrans Speedmaster Omega (à gauche) et SwatchXOmega Mission to the Moon à droite)

La comparaison s’arrête là puisque le mouvement et les matériaux sont ceux utilisés par Swatch. Le boîtier est en biocéramique, un mélange de céramique et d’huile de ricin qui, en remplaçant le plastique, rend les montres plus éco-responsable (?). Le verre est en plexiglas et ultrasensibles aux rayures. Par contre, à la manière des Rolex dont le saphir est gravé au laser avec une couronne, le plexiglas des Moonwatch est frappé de la lettre ‘S’ au centre du plexiglas. Si vous le trouvez, faites le savoir dans les commentaires. Moi je ne le vois pas.

Chaque modèle reprend les couleurs du corps célestes qu’il célèbre : le modèle Soleil est jaune, le modèle Terre est vert (même si on parle de Planète Bleue), Venus est rose, Mars est rouge, Neptune est bleu (c’était le Dieu des Mers dans la mythologie, n’est-ce-pas ?)… Le couvercle de la pile représente l’image du corps céleste dont s’inspire le modèle.

Samedi 23 avril, 10h00

Arrivée le samedi matin aux environs de 10h du matin, le 23/04 à l’angle des rues de Sèvre et du Cherche midi. On y trouve des capuches rabattues sur des casquettes, des baskets et des joggings, une odeur qui rappelle les rues d’Amsterdam. On se croit à proximité d’un McDo vu le nombre de livreurs à vélo qui font des rondes. Je me dis quelque chose se trame. Je demande aux agents de sécurité en faction devant la porte de la boutique. Ils restent vagues concernant la disponibilité.

Swatch Paris Croix Rouge : 2 Rue du Cherche Midi Place Croix Rouge 75006 Paris. Tél : 01 45480960.

Je savais, pour avoir posé la question il y deux semaines, que des montres étaient mises en vente sans savoir quand mais toujours en quantité limitée. « On en a eues ce matin mais elles sont toutes parties. » Hoax ou vérité ?

Je décide de camper à quelques pas sous les testic… du Centaure de César. Certains sont installés sur des chaises de camping. La police fait des rondes. L’ambiance reste bon enfant. L’accès à la boutique et le trottoir restent dégagés. Tout le monde est en arc de cercle. Le 26 mars, jour du lancement officiel, ce n’était pas la même. Des échauffourées avaient précipité la fermeture de la boutique et l’annulation de la vente.

Le Centaure de César installé sur la place Michel-Debré, dans le 6e arrondissement de Paris.

J’ai une vue directe sur l’intérieur de la boutique. Sur les coups de midi, je vois les vendeurs faire des allers-retours fréquents, depuis et vers l’arrière-boutique. Je décide de m’approcher davantage. On est quelques-uns. Les habitués, eux, ne sont pas émus pour autant et restent sur les trottoirs opposés.

Et c’est là où, tout d’un coup, tout se précipite. Des vigiles habillés de noir, surgissent de nulle part et commencent à tirer le long du trottoir, des poteaux à sangle rétractable. L’un d’eux m’interpelle :

- Monsieur, vous devez partir, vous n’êtes pas sur la liste.

- Quelle liste ? Il y a une liste ?

- Oui Monsieur.

- Mais Monsieur, je ne suis pas au courant d’une quelconque liste. S’agit-il d’une liste officielle Swatch ?

“Monsieur, mettez-vous en face”, me dit-il de manière autoritaire, en me montrant le trottoir opposé.

- Le trottoir est un espace public et je suis libre d’y rester. Dites-moi où est la file pour que je m’y mette.

Un de ses collègues lui dit de se contenter de déployer les poteaux.

Apparaît alors un individu en jogging que tout le monde semble écouter. J’entends des voix qui l’identifient comme étant la même personne qui gère les ventes chez Nike. Sans doute celles des Jordan ou autres modèles qu’on voit dans les pubs pour StockX sur Facebook. Il nous invite, moi et ceux qui avions pris position devant la boutique, à quitter le trottoir pour celui d’en face. Il s’adresse à moi :

- Monsieur, oui il y a une liste et vous n’y êtes pas.

- Comment je fais pour m’y mettre ? Je suis là depuis 10h du matin et personne ne m’a parlé d’une liste. Est-ce une liste officielle swatch ?

- Monsieur, tout le monde est là depuis 5 heures du matin. Tout le monde s’est mis sur la liste. Vous voulez acheter, vous devez être sur la liste. Mettez-vous sur le côté et je vous promets de vous laisser passer.

Un vendeur sort et s’adresse aux vigiles en me montrant :

- Le Monsieur est là, il est le premier dans la file, laissez le entrer.

Parallèlement, un grondement s’élève dans la rue du Cherche Midi où la file commence à s’étendre. On se chamaille pour avoir les meilleures places. À moins que ce soit pour faire respecter l’ordre de la fameuse liste.

Quelques adolescents qui m’avaient suivi, cèdent aux intimidations et quittent la file. Les individus qui se retrouvent derrière moi m’interpellent.

- Vous n’avez pas le droit d’être là, Monsieur. C’est pas juste. On est là depuis 5 heures du matin. On est là pour se faire un petit billet.

Malgré le ton agressif, je reste calme et courtois.

- Si on m’avait parlé de la liste en arrivant, je respecterai l’ordre de passage.

- Vous n’avez pas demandé. C’est à vous de demander pour la liste.

- Si je ne connais pas l’existence de la liste, comment demander à y être ou savoir à qui m’adresser ?

- Vous avez un ton condescendant, c’est pas bien.

La condescendance, c’est un mot qui a le vent en poupe en ce moment. C’est comme l’arrogance. On nous les sert à toutes les sauces. Je suis pris de sympathie et je laisse passer deux personnes. À moins que ce soit la peur ?

Les vendeurs qui sortent à la porte pour faire entrer les clients un par un, m’invitent à entrer.

- Non il n’y a pas de liste Monsieur. Vous avez bien fait de rester.

J’ai acheté une Mercury, la Moon n’étant apparemment pas disponible. Les responsables de la boutique se sont excusés pour l’expérience client. Je les ai sentis désemparés, comme abandonnés par leur entreprise.

Le modèle Mission to Mercury.

La chasse aux collab’

La collection SwatchXOmega remporte un franc succès. Le marketing a été rondement mené. Comme toutes les collaborations, le but est d’étendre le cercle des acheteurs à une population plus large, plus frénétique. Et Swatch a su la trouver auprès d’un public conquis, prêt à acheter ses montres.

Qui n’a pas envie de s’offrir une Omega pour (trois fois) le prix (et la qualité) d’une Swatch ? Reste à savoir si l’opposé est vrai. Ah mais c’est vrai, Omega appartient au groupe Swatch

Le seul hic c’est qu’il faut entretenir la hype, donner une raison d’être fier de son acquisition, de poster des vidéos et des photos sur les réseaux sociaux. La satisfaction d’être acquéreur se mesure en nombre de likes de nos jours. La stratégie numéro 1 pour ces collab’, c’est de produire en nombre limité. Ca fait des files d’attente monstres qu’on peut filmer en accéléré et poster sur Insta.

Reventes de la collection Bioceramic Moonwatch sur Chrono24 (à droite) et sur Ebay (à gauche).

Ca fait aussi monter les prix à la revente, ça contribue à l’imaginaire collectif en faisant croire que ces montres en valent le prix. Mais en valent-elles la peine ? Pas vraiment car payer ces prix, c’est aussi pour ne pas avoir à faire des queues interminables où il faut lutter pour avoir une place, sans savoir si les pièces mises en vente seront en nombre suffisant ou si la boutique sera sommée de fermer ses portes pour cause de troubles à l’ordre public.

600 euros, c’est le prix moyen à la revente. C’est 350 euros de bénéf net. Si on se poste à 5 heures du matin et que la vente commence à 10 heures c’est 7 fois le smic horaire. Voire même 10, si ça part à 800 euros. On est 10 fois au-dessus d’une Swatch classique.

Côte de la OmegaXSwatch Mission to the Moon (Source : www.chrono24.com)

Les prix des modèles les plus recherchés comme la Mission to the Moon ont déjà perdu un tiers de leur valeur à la revente. Reste à savoir si les attroupements de revendeurs aux portes des boutiques suivront la même tendance.

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